Série MASC : une entrevue avec Colores Andinos

Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir

Colores Andinos est un groupe exploratoire de musique originale de fusion latino-andine. Chaque membre de l’ensemble se spécialise dans différents instruments et possède une vaste expérience de scène avec d’autres groupes internationaux latino-américains, tant en Europe qu’au travers des Amériques. Leur répertoire comprend des chansons traditionnelles originales et arrangées, mêlant des rythmes andins à des influences contemporaines dont la salsa, la cumbia, la bossa-nova et le jazz. Mais ce qui fait de Colores Andinos un groupe unique, c’est sans contredit son offre musicale qui se situe à la rencontre de différentes racines multiculturelles, d’expériences et de répertoires musicaux.

Vous êtes originaires du Chili, de l’Équateur, du Salvador et du Pérou, et vous avez formé votre groupe en 1997. Comment vous êtes-vous rencontrés tous les quatre et qu’est-ce qui vous pousse à faire de la musique ensemble depuis près de 25 ans?

 Colores Andinos : Nous nous sommes rencontrés à Ottawa dans différents groupes avant de créer Colores Andinos. Nos origines latino-américaines nous ont permis de devenir rapidement des amis proches. Je pense que lorsque des artistes se réunissent pour faire de la musique, cela crée un sentiment de complicité et de coopération qui les rapproche à plusieurs niveaux. Dans notre cas, ajoutez à cela le fait que c’était aussi pour nous un moment de contact avec notre culture vivante au Canada. La joie de partager notre musique et notre culture avec les gens d’ici est toujours quelque chose que nous voulons faire aussi longtemps que nous le pourrons.

En dehors de vos activités en tant que musiciens professionnels, les membres de Colores Andinos ont tous des parcours de vie très différents. Pourriez-vous nous dire à quoi ressemble la vie des membres en dehors du groupe?

Colores Andinos : En effet, nous avons tous des activités très différentes en dehors du groupe. Jacinto Anguaya possède des magasins dans le Marché By. Luis Abanto est directeur du B.A. en espagnol à l’Université d’Ottawa. Rudy Rivera est travailleur social dans le domaine de la santé mentale. Quant à moi, je suis musicien professionnel à temps plein et je joue avec l’Orchestre symphonique de Gatineau ainsi qu’avec différents groupes et ensembles de la région.

Depuis que vous faites de la musique et que vous la partagée, qu’avez-vous observé au sujet de la scène musicale d’Ottawa? Qu’est-ce qui a changé, et qu’est-ce qui va se passer dans le futur, selon vous?

Colores Andinos : La scène musicale d’Ottawa s’est beaucoup développée depuis que je vis ici; elle est devenue plus dynamique et plus passionnante. La pandémie est tout un défi et je pense que la scène musicale va se rétablir, mais très lentement. Et je ne parle pas des grands événements qui bénéficient de subventions et de financements, mais des petits concerts qui sont la base d’une vie culturelle saine. Cela prendra du temps, mais ça reviendra.

En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?

Colores Andinos : Proposer nos ateliers par le biais de MASC nous a donné de nombreuses occasions de jouer des rythmes latino-américains et de partager notre culture sud-américaine avec un plus grand public. L’une des choses vraiment intéressantes, c’est lorsque les élèves jouent en groupe. Quand le groove commence à s’installer parmi le groupe après un début chaotique, on peut voir sur le visage des jeunes ce sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand, de quelque chose d’interconnecté qui fonctionne, et cela vaut pour les adultes aussi. Il m’est arrivé de donner des ateliers dans des refuges pour personnes sans-abri, et la joie qu’ils manifestent pendant ce petit moment me comble énormément.

Pendant la pandémie, nous avons eu la possibilité de diffuser en direct nos spectacles grâce à une vidéo sur demande qui inclut une conversation en direct avec le public après le spectacle. C’est une solution très créative que MASC a trouvée et qui a permis de maintenir les liens entre les écoles, les résidences pour personnes âgées et les artistes pendant cette année si difficile.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?

Colores Andinos : Les artistes professionnels ont, par la pratique et l’étude, perfectionné leur compréhension de leur art. Ils ont acquis une intimité avec l’art et un ensemble de connaissances et de compétences qui prennent plusieurs années à développer. Grâce à cela, ils peuvent partager et jouer avec perspicacité, rendant l’expérience significative. Ils reconnaissent les aspects essentiels qui sont les plus importants à communiquer.