Série MASC : une entrevue avec l’artiste vidéaste Shaun Elie
Par Jessica Ruano | janvier 6, 2022
Cette entrevue a été originellement publiée sur Le Pressoir
Shaun Elie est un artiste vidéaste installé à Ottawa qui propose des ateliers pouvant s’adapter à toutes sortes de situations. Il travaille avec MASC depuis plus de 15 ans en offrant aux élèves anglophones et francophones des petits ateliers et des ateliers en résidence. Il collabore aussi avec d’autres artistes MASC lors de grands événements et festivals. Dans cette entrevue, il partage ses réflexions sur la nature évolutive de la technologie et sur la façon dont cela influence son approche dans les salles de classe et au sein des communautés.
Comment décririez-vous votre vie professionnelle en tant qu’artiste vidéaste? Comment les choses ont-elles changé pour vous au fil des années?
Shaun Elie : C’est toujours différent! La technologie a beaucoup changé au fil des années : la taille des caméras et des équipements a diminué à mesure que la qualité s’est améliorée. Ce qui occupait tout le coffre et le siège arrière de ma voiture tient maintenant dans un sac à dos. La manière dont nous consommons la vidéo a également beaucoup évolué. En tant qu’artiste vidéaste, j’avais l’habitude de travailler avec des projections à grande échelle. Aujourd’hui, la plupart des vidéos sont consommées sur des petits appareils. L’évolution permet donc une plus grande participation et un plus grand engagement auprès du public.
De nos jours, la vidéo est consommée plutôt que vécue. Je pense que la vidéo en tant qu’expérience est importante et c’est quelque chose que j’essaie de partager avec mes élèves en plus de l’exprimer à travers mon propre travail.
En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?
Shaun Elie : Travailler en collaboration avec de nouveaux esprits créatifs est une expérience très enrichissante. La vidéo est un média qui favorise la collaboration et qui me permet d’accéder à une variété de talents chez les élèves et de nourrir ces talents. C’est inspirant de voir comment les groupes abordent un problème donné ou sous quel angle ils approchent un projet.
Grâce à mes nombreuses années d’expérience avec MASC, j’ai travaillé avec des milliers d’élèves sur des centaines de projets; chacun de ces projets étant une expérience nouvelle et distincte : de l’animation image-en-image à la projection sur écran vert en passant par la création de projections vidéo pour des performances artistiques en direct et la documentation d’événements. Nous avons créé des installations artistiques avec des galeries locales ainsi que des performances artistiques publiques de style guérilla. La vidéo offre une souplesse de création et une diversité d’expression qui me plait beaucoup.
J’ai également eu l’occasion de collaborer avec d’autres artistes par le biais de MASC. J’ai récemment travaillé sur une pièce, «La plus grosse poutine du monde», avec Vox Théâtre et le Théâtre la Catapulte, où j’ai créé des décors vidéo pour la production. J’ai également créé du contenu vidéo pour compléter les performances en direct des élèves pour Awesome Arts en folie et le Festival de danse en milieu scolaire. Qu’il s’agisse de danseurs, d’artistes visuels, de musiciens ou d’acteurs, je suis passionné par les collaborations avec les artistes et les organismes artistiques d’ici et je suis fier d’utiliser mes talents pour élever la multitude de beau travail qui se fait dans cette ville.
Au risque de dévoiler mon âge, j’ai remarqué que de nos jours, les enfants sont si rapides avec la technologie! Trouvez-vous que vous devez constamment adapter vos ateliers pour suivre les capacités, les intérêts et les médias préférés des élèves?
Shaun Elie : Dans les premières années, j’ai découvert que j’initiais les élèves aux nouvelles technologies telles que les caméras vidéo, les ordinateurs portables, l’éclairage et l’équipement audio qu’ils connaissaient peut-être, mais avec lesquels ils n’avaient pas nécessairement d’expérience pratique. Maintenant, j’ai un peu modifié mon approche : mon objectif est plutôt d’utiliser le matériel déjà disponible, comme leurs propres appareils, de manière créative pour réaliser leurs œuvres. Je vise l’adoption de nouvelles tendances, mais j’aime bien explorer l’histoire derrière ces tendances, comment ont-elles évolué et où pourraient-elles nous mener.
L’essence de l’atelier reste la même; j’essaie de donner aux élèves suffisamment de techniques de base pour comprendre le médium et ensuite créer un environnement qui permet de briser toutes les règles.
Dans vos résidences, vous offrez aux participants la possibilité d’explorer les thèmes principaux et les questions clés de leur travail vidéo. Quels types d’idées avez-vous remarqué récemment? Qu’est-ce qui semble être important pour les jeunes d’aujourd’hui?
Shaun Elie : Les élèves tenteront souvent de recréer des scènes de films, de spectacles, de mèmes ou de l’application Tik Toks. Parfois, les élèves cherchent à utiliser leur voix pour aborder des thèmes plus personnels et j’aime encourager ce genre de travail. Que le travail soit personnel ou absurde, j’aime remettre en question la façon dont les élèves abordent le travail avec la vidéo afin de rompre leurs idées préconçues sur le rôle de la vidéo dans nos vies et en tant que médium d’expression artistique.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?
Shaun Elie : Les artistes apportent une perspective différente en classe. Leur présence donne aux élèves la possibilité de s’épanouir sur le plan créatif et souvent de découvrir des talents cachés. Avoir un artiste professionnel qui guide et encourage les élèves peut être une expérience très gratifiante. Cette validation peut être une grande source d’estime de soi et de motivation pour les élèves qui souhaitent poursuivre d’autres projets et surmonter les défis.